samedi 6 mars 2010

Plages d’El Jadida, UN DECOR pour MILLE ANS



Que les amoureux de la nature se réjouissent ! Que les adeptes de la protection de l’environnement ne désespèrent pas ! Ce décor, qui émaille les côtes doukkalies, ici ou là, depuis quelques semaines, risque de durer mille ans ! Le temps qu’il faut pour ces petits ronds rouges, ces petits rond jaunes, ces petits ronds bleus, ou verts, et pour ces petits bâtonnets verts, ces petits bâtonnets blancs, ou rouges ou jaunes ou bleus soient détruits par les siècles.

On dirait un décor d’un peintre surréaliste qui aurait jonglé avec ses pinceaux et ses couleurs pour barioler les plages, en quête d’un nouveau moyen d’expression artistique. A moins que, mis bout à bout, ces petits ronds en forme de 0, et ces petits bâtonnets en forme de 1, révèlent le code secret de quelques logiciels informatiques, pimentés par quelques seringues ! Allez savoir ?

Et n’allez pas croire que des colonies d’enfants mal élevés se soient répandues sur ces rivages à la faveur de vacances….Cela n’est pas possible ! Il aurait fallu des millions d’enfants pour absorber autant de sucettes et boire autant sodas et autres eaux minérales…Non, cela n’est pas possible !

A moins que cela soit la mer qui, pour prouver que, parce qu’elle n’est plus poissonneuse comme avant, nous ait gratifiés de ses autres richesses sous-marines, son nouveau patrimoine, qui ferait rêver bien des usines de retraitement de déchets !

A moins que la mer, très agitée ces derniers temps, nous ait renvoyé à la figure l’image de notre société de consommation, celle du tout-jetable ?

On me dira que ce sont peut-être des cargos, passant au loin, venus de plus loin, qui ont largué dans nos parages leurs cargaisons d’ordures non-recyclables ?...Mais pourtant ce sont des capsules de boissons bien connues ici ! Ciel ! Qu’on me pardonne de ne pas citer de nom, on m’accuserait de faire de la publicité clandestine pour des boissons qu’on peut trouver dans n’importe quelle petite échoppe !

Une question me turlupine cependant. On a dit : année 2010, 10 millions de touristes….Si l’on distribue à chacun d’eux un bâtonnet et une capsule, que fera-t-on des capsules et des bâtonnets restants ?

Et puis, vous vous imaginez le désastre s’il prenait l’envie à un service municipal, ou à une société de nettoiement, de passer la plage à la cribleuse?…Que restera-t-il aux vacanciers qui viendront passer l’été ici pour apprécier la beauté bariolée de nos côtes, puisque les résidents, après-tout, peuvent s’y faire…Qu’importe !

Vous vous imaginez si l’on demandait aux sociétés qui évacuent ces déchets vers l’océan de payer au cas où l’on considèrerait cela comme de la pollution…Car, m’a-t-on dit, il faut bien faire payer les pollueurs ! Que de travail en plus pour trier, traiter, et détruire d’une autre façon ! Est-ce pensable ?

Non ! Qu’on me laisse avec mes petits bâtonnets blancs, verts, ou rouges, et avec mes petits ronds rouges, verts, ou blancs. Ou mes petits ronds et petits bâtonnets jaunes et bleus ! Si on les enlevait, alors la plage redeviendrait de sable blond, cette blondeur couleur de soleil qui fait rêver tous ceux qui ont eu des hivers gris, neigeux, calamiteux ! De cette blondeur d’avant ? Non, c’est un rêve. Ce n’est qu’un rêve !

PS : Qui m’a dit qu’il fallait apporter sa contribution à la charte pour l’environnement ?

Auteur : Michel Amengual
Source : Eljadida.com

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